Pressions au travail ou à la maison, impressions d’être débordé, soucis de santé, préoccupations financières… Les raisons d’être stressé sont multiples et de plus en plus nombreuses, avec des conséquences graves sur notre santé : 50% à 60% des arrêts de travail en Europe ont un lien avec le stress ! … Pourtant, nous pouvons agir ! Car si les raisons d’être stressé ne manquent pas… les techniques simples et efficaces pour bien le gérer aussi !

Je vous propose dans ce premier article de faire un état des lieux de ce qu’est le stress et comment il peut impacter notre organisme et notre mental. Les solutions pour sortir de l’emprise du stress feront l’objet d’un prochain article.

Stressed and overworked businessman under pressure. Mental health concept.

Qu’est-ce que le stress ?

C’est une réaction normale de l’organisme pour faire face à une situation imprévue. Mais, s’il fût un temps où cette réaction humaine avait pour finalité le combat physique ou la fuite, c’est à dire la nécessité de survivre, aujourd’hui nous vivons dans un environnement contemporain où le stress lié à la survie quotidienne a disparu pour être remplacé par des stress chroniques comme le stress au travail, le stress des relations difficiles, du surmenage, de la précarité, de la dénaturation de l’alimentation, des pollutions (sonores, de l’air, etc.).

Ajoutons que les évènements heureux comme un mariage, une naissance, la réussite à un concours ou la remise d’un prix peuvent générer un stress tout aussi intense !…

En résumé : nous percevons comme stress toute situation imprévue, positive ou négative, provoquant en nous une forte réaction émotionnelle et psychologique.

Définition du stress

Etudié depuis longtemps, c’est aujourd’hui la définition de l’Agence Européenne pour la Sécurité et la Santé au Travail qui en propose la définition la plus utile pour agir : le stress « survient lorsqu’il y a déséquilibre entre la perception qu’une personne a des contraintes que lui impose son environnement et la perception qu’elle a de ses propres ressources pour y faire face. Bien que le processus d’évaluation des contraintes et des ressources soit d’ordre psychologique, les effets du stress ne sont pas uniquement de nature psychologique. Il affecte également la santé physique, le bien être et la productivité ».

A chacun son stress

Cette définition nous dit que ce qui nous stress est différent pour chacun d’entre nous et que nous ne sommes pas passif par rapport à une situation menaçante : nous évaluons le risque que représente pour nous cette situation, en nous demandant :

  • Vais-je perdre quelque chose ? Suis-je menacé ? Si la réponse est « Oui », ce sentiment de perte provoque un stress.
  • Ai-je les moyens d’y faire face ? Suis-je assez formé ? Aurais-je de l’aide ? Si la réponse est « Non », cette perception d’un manque de ressources entraine un stress.

Ces évaluations sont instinctives et non rationnelles. Elles dépendent de notre éducation, de nos expériences, de notre vision du monde, de nos croyances…
Plus l’écart est grand entre la contrainte perçue (l’objectif à atteindre) et les moyens dont nous pensons disposer, plus la tension et plus l’émotion s’intensifient. Si nous pensons pouvoir gérer la contrainte, atteindre l’objectif, nous serons sereins, si nous craignons de ne pas y arriver, l’inquiétude augmente, le stress s’intensifie.

En fonction de cette évaluation de la situation, l’individu peut réagir de différentes façons :

  • Évitement (fuir la situation) : demande de changement de poste, arrêt maladie…
  • Réactions émotionnelles : colère, agressivité, crises de larmes…
  • Recherche de solutions : sollicitations des collègues, recherche d’information…

En résumé : face au stress, chacun a sa propre réaction : je stresse si j’ai l’impression de ne pas pouvoir gérer efficacement une situation problématique ou menaçante. En soi, l’élément déclencheur n’est ni bon ni mauvais, c’est le sens que je donne à cet élément déclencheur qui induit des effets soit stimulants soit angoissants. Il s’agit d’apprendre à identifier notre stress, le nommer, évaluer son intensité pour pouvoir l’utiliser dans un sens positif.

Et vous, êtes vous stressé ?

Reconnaître que vous êtes stressé est indispensable pour retrouver le contrôle de votre santé physique et émotionnelle. Les symptômes du stress sont multiples et variés selon les individus . Voici les symptômes les plus fréquents :

  • Difficultés à trouver le sommeil ou à se détendre,
  • Sensation fréquente voire permanente de fatigue,
  • Hésitations et manque de concentration, entêtement et rigidité, obsession,
  • Irritabilité et manque de patience, tics nerveux,
  • Fréquentes envies de pleurer,
  • Maux de tête, tensions musculaires, notamment au niveau de la nuque et des épaules, grincements de dents,
  • contraction des maxillaires,
  • Sensations d’oppression dans la poitrine, d’estomac noué, démangeaisons,
  • Troubles digestifs : diarrhées ou constipation, anorexie, gastrites, aérophagie,
  • Augmentation de la consommation de tabac ou d’alcool, fréquentes envies de manger…

Soyez vigilant : si vous avez un ou plusieurs de ces symptômes, ne les négligez pas, ils indiquent peut être un stress important.

Qu’est-ce qui nous stresse ?

Il existe deux grandes catégories de facteurs de stress :
Les facteurs externes : ils sont très variés. De nombreuses études ont identifié, par ordre d’importance, les causes suivantes du stress :

  • Le travail, le premier facteur de stress dans les pays occidentaux : intensité et rythme, exigences de maîtrise émotionnelle, manque d’autonomie, relations de travail tendues ou conflictuelles, conflits de valeur, insécurité socio-économique, précarité…
  • La peur de la maladie pour soi-même ou ses proches,
  • Les changements importants dans la vie professionnelle ou personnelle,
  • Les rapports avec la famille et l’entourage, les conflits conjugaux, le divorce, les difficultés relationnelles avec les enfants…

Ces facteurs ont d’autant plus de conséquences néfastes sur la santé qu’ils sont nombreux, qu’ils s’inscrivent dans la durée, qu’ils sont subis.

Les facteurs internes : ce sont les façons dont chacun perçoit, évalue et se représente les situations. Ces facteurs internes, propres à chacun, sont en lien avec notre génétique, notre milieu familial, nos principes, notre vision du monde, nos expériences, nos croyances… mais également nos pensées… qui alimentent aussi nos émotions !

Evaluez votre stress en fonction du niveau de ce que vous êtes susceptible de subir selon les évènements de votre vie avec l’aide de l’Echelle de Holmes et Rahe (échelle d’évaluation disponible au cabinet lors de vos consultations) .

Comment l’organisme répond au stress ?

La dynamique physiologique de réponse de l’organisme au stress, décrite en 1935 par l’endocrinologue Hans Selye, comprend 3 phases facilement identifiables :

1- La phase d’alarme : face à une situation perçue comme stressante, l’organisme déclenche une réponse d’urgence pour le préparer au combat ou à la fuite en stimulant le système nerveux orthosympathique. Celui ci va immédiatement générer la production d’hormones, dont l’adrénaline, qui en quelques instants vont augmenter le rythme cardiaque, la pression sanguine, le rythme respiratoire, le tonus musculaire, les niveaux de vigilance…

2- La phase de résistance : si la situation stressante persiste, l’organisme entre en résistance en s’adaptant. Après une dizaine de minutes, de nouvelles hormones sont sécrétées, dont le cortisol. Elles vont augmenter le taux de sucre dans le sang pour fournir l’énergie nécessaire aux muscles, au cœur et au cerveau en y maintenant un apport constant en glucose.

Normalement, ces 2 premières phases sont positives : les réactions de stress stimulent l’organisme pour mobiliser le maximum de ressources et réagir à la situation. Le cortisol est un anti-inflammatoire naturel qui favorise la mémorisation et l’apprentissage (pour que nous nous souvenions des détails qui ont permis notre survie !). Le cortisol aide également notre organisme à rétablir l’équilibre lors du retour à une situation normale. Le système parasympathique peut prendre le relais pour assurer la bonne récupération de l’organisme et permettre le repos du système orthosympathique….

Mais si la situation stressante perdure sans que la personne puisse la régler ou lorsque de nouveaux stress viennent solliciter à nouveau l’organisme, ou encore quand le stress dépasse les capacités de réaction de la personne, l’organisme entre tôt ou tard dans la 3éme phase :

3- La phase d’épuisement : elle s’installe lorsque le stress se prolonge ou s’intensifie, les capacités d’endurance de l’organisme peuvent alors être débordées : c’est l’état de stress chronique. Pour tenter de faire face, l’organisme produit toujours plus d’hormones. L’autorégulation de leur sécrétion ne se fait plus. L’organisme est submergé d’hormones et donc activé en permanence. Il s’épuise. Outre l’épuisement physique et émotionnel, les possibilités de pathologies graves apparaissent alors avec un affaiblissement des mécanismes d’auto-guérison, avec des défaillances des systèmes immunitaires, respiratoires, digestifs et sexuels…

Sur le plan psychologique, la tension diffuse peu à peu dans tous les domaines de la vie. Sous l’influence permanente des hormones du stress chronique, nous devenons irritables, nerveux, au travail comme en famille, avec notre conjoint, nos enfants, nos amis… Parfois, brutalement, l’angoisse surgit sous forme d’attaques de panique ou de crises d’hyperventilation alors qu’on est dans le train ou en voiture pour aller travailler. Des phobies s’installent. Le sommeil déjà irrégulier est troublé par des cauchemars. Ce qui avant faisait plaisir devient sans intérêt. Les activités sportives deviennent des contraintes, les repas en famille ou avec les amis ternes et sans joie. La libido s’amenuise, les règles deviennent irrégulières… Ainsi l’hyperstressé glisse vers l’épuisement professionnel (le burnout), la grande fatigue physique et émotionnelle, la dépression.

Stress aigu ou stress chronique ?

Les physiologistes ont montré que, scientifiquement, il n’y a pas de « bon » ou de « mauvais » stress, mais un processus d’adaptation du corps face à un danger. Par contre, on peut différencier 2 sortes d’état de stress : le stress aigu et le stress chronique.

Le mécanisme biologique du stress est donc essentiellement adapté pour l’action : c’est le stress aigu ! Si aujourd’hui vous devez chasser le lion ou participer à une compétition sportive, ce « mécanisme » est très utile ! Mais si vous êtes au bureau ou ne faites que des déplacements en voiture… votre tonus musculaire est sans cesse exacerbé et cette énergie mobilisée ne trouve pas d’exutoires musculaires, elle devient inadaptée dans la très grande majorité des situations professionnelles ou personnelles actuelles : c’est le stress chronique ! Cette énergie se trouve alors souvent dans les troubles musculo-squelettique… et relâchée sous forme d’irritation, de colère, d’agressivité…

  • Le stress aigu : se produit lors d’un événement ponctuel, d’une situation imprévue ou nouvelle, menaçante pour nous, pour laquelle nous pensons avoir peu de contrôle : entretien d’embauche, prise parole en public, accident évité de justesse… ce n’est pas un stress négatif dans la mesure où la sécrétion d’hormones nous aide à faire face à l’événement. Une fois la situation gérée, il y a retour à la normale.
  • Le stress chronique : résulte lui d’une exposition prolongée ou répétée au stress, l’organisme trop sollicité, épuise son système de réponse. La suractivation du système nerveux sympathique par la répétition quotidienne de contraintes, de frustrations, de contrariétés, entraîne une sécrétion continuelle d’hormones du stress. En excès de stress, l’organisme est maintenu en état d’alarme permanent : rythme cardiaque élevé, hypertension artérielle, sécrétion gastrique élevée, etc. La force physique et l’énergie mobilisées par la réponse au stress ne sont pas utilisées en tant que telles. Le système nerveux parasympathique n’arrive plus à rééquilibrer et régénérer le métabolisme.

Stress chronique et santé

Quelles sont les conséquences pour notre santé si notre organisme est soumis trop longtemps à des périodes de stress, s’il maintien un tonus de combat trop longtemps ?

Si le système nerveux orthosympathique ne laisse pas la place à l’action réparatrice du système nerveux parasympathique, ces conséquences peuvent être très graves, se manifester en quelques semaines dans différents domaines, traduisant les effets néfastes sur la santé physique et mentale des individus.

  • Sur le plan physique : douleurs diverses comme crampes d’estomac, ulcères gastriques, coliques, migraines, troubles de l’appétit et de la digestion, troubles musculo-squelettiques, transpiration, mains froides ou moites…
  • Sur le plan psychique : troubles du sommeil, insomnies, irritabilité et nervosité accrues, états de panique, crises de larmes ou de nerfs, crises d’angoisse, phobies…
  • Sur le plan dermatologique : psoriasis, eczémas, crises d’urticaire…
  • Sur le plan cardio-vasculaire : infarctus du myocarde et syndromes de menace…
  • Dans le domaine comportemental : dérèglements alimentaires, boulimie, surconsommation de tranquillisants, d’alcool, de tabac, agitations, violences physiques, tendances suicidaires…

Réagissez : soyez sensible à ces indicateurs de stress, pour vous-même et pour les autres.

Je vous proposai dans un prochain article les solutions qu’apporte la Naturopathie pour prévenir le stress via une bonne hygiène de vie. Nous verrons également les actions que nous pouvons prendre pour agir pendant les situations stressantes. A très bientôt 🙂