Cétogène, cétogène, vous avez dit cétogène ? Ce mot est de plus en plus présent dans les magazines féminins, sportifs ou même dans les articles scientifiques parlant de nutrition. Mais de quoi parle-t-on exactement et est-ce adapté à vos besoins ?
Depuis une dizaine d’années maintenant, nous assistons à un changement de cap en matière d’alimentation. Longtemps diabolisées au profit des sucres ou plutôt des glucides (la grande catégories des sucres), les matières grasses reviennent sur le devant de la scène avec des bénéfices que l’on redécouvre : rôle des bons acides gras oméga-3, de la graisse de coco, des fruits à coques, de l’avocat, etc.
Néanmoins, les recommandations nutritionnelles officielles, même si elles évoluent, laissent encore la part belle aux glucides dans l’alimentation quotidienne : 50 à 55% de l’apport énergétique journalier alors que dans l’alimentation cétogène ils représentent en général 5 à 10%.
Petit historique
L’alimentation cétogène commença à être utilisée « officiellement » au début du 20ème siècle pour traiter les épilepsies de l’enfant ne répondant pas aux traitements médicaux classiques (1)…
… mais bien avant cette période elle fut l’alimentation « naturelle » de nos ancêtres il y a plusieurs milliers d’années. En effet à l’époque ils ne connaissaient pas le sucre blanc ou les produits ultra-transformés qui composent 80% de l’offre en grande surface. Ils se nourrissaient de ce qu’ils trouvaient dans la nature et qui étaient plutôt pauvres en sucres (ou alors ils jeûnaient) : plantes, algues, noix, graines et fruits principalement, puis quand ils en trouvaient, crustacés, poissons, oeufs, insectes et viandes.
L’alimentation cétogène c’est quoi ?
L’alimentation cétogène est une alimentation qui réduit de manière très importante les glucides et qui augmente la consommation d’aliments contenant de bonnes matières grasses.
Par exemple :
- Augmentation de la consommation d’oléagineux (avocat, olives, etc.), fruits à coques, noix et graines, poissons gras, graisse de coco, graisse de canard, etc
- Suppression de la consommation de produits sucrés ou avec du sucre ajouté, réduction importantes de produits à base de céréales comme le pain, les pâtes ou le riz, les pommes de terres et autres végétaux très riches en glucides par exemple.
Pour mieux comparer une alimentation classique et une alimentation cétogène, on peut mettre côte à côte leurs recommandations concernant les apports énergétiques fourni par les glucides (sucres), les lipides (matières grasses) et les protéines (briques de base pour la construction du corps) :
- Recommandations officielles françaises pour les adultes : 50 à 55% de glucides, 35 à 40% de lipides et 10 à 15% de protéines
- Alimentation cétogène : 5 à 10% de glucides, 70 à 80% de lipides et 10 à 20% de protéines.
Comment cela fonctionne ?
Le fonctionnement du corps est flexible et heureusement car comment aurait-on fait pour survivre dans les périodes de pénurie alimentaire ?
Comme une voiture hybride, essence et électrique, le corps peut utiliser plusieurs sources d’énergies : les sucres ou glucides, les matières grasses ou lipides et en dernier si besoin les protéines.
Quand la nourriture est abondante et riche en sucres, féculents et produits céréaliers raffinés comme dans nos pays industriels, le corps utilise le sucre comme source principale d’énergie.
Dans une alimentation cétogène, la source d’énergie principale n’est plus les glucides mais les matières grasses. Ce qui fait passer le corps dans un mode de fonctionnement appelé cétose (le mode électrique de notre voiture hybride dans ma métaphore précédente). Dans cette situation, le foie va transformer les lipides en corps cétoniques qui seront notre carburant alternatif aux glucides.
Pour que cette transition fonctionne correctement, certaines conditions sont nécessaires : réduction très importante des glucides, consommation plus importante de lipides et consommation raisonnée de protéines (car le corps peut les transformer en glucides si on en consomme trop).
Dans quels cas utiliser l’alimentation cétogène ?
Qu’elle soit utilisée en prévention pour un bien-être général, pour perdre du poids, pour la performance sportive ou dans le cadre d’un accompagnement thérapeutique particulier, l’alimentation cétogène peut être un outil particulièrement intéressant dans un certain nombre de troubles.
La littérature scientifique regorge d’études sur l’usage d’alimentations cétogènes en accompagnement complémentaire pour des pathologies cardiovasculaires (2), de l’obésité (2), des troubles neurodégénératifs comme par exemple Alzheimer et Parkinson (3), des diabètes (type 2 en particulier) (4), de troubles inflammatoires (5), de cancers (6), d’épilepsie (1), etc.
Le cas de l’utilisation du régime cétogène comme accompagnement complémentaire d’une prise en charge médicale du cancer commence à être bien documenté. Les travaux du Docteur Laurent Schwartz et de son approche métabolique ou celle du Docteur Valter Longo sur le jeûne ou les régimes mimant les effets du jeûne, comme le régime cétogène sont particulièrement prometteurs.
Une prise de conscience alimentaire
D’une manière plus générale, l’alimentation cétogène permet une prise de conscience des déséquilibres de notre alimentation occidentale et de ses impacts potentiels sur notre bien-être et notre santé. Les évolutions sont plus rapides hors de France comme aux États-Unis où l’alimentation pauvre glucides a été intégrée aux préconisations de l’association américaine du diabète (ADA) en 2008 et a rejoint en 2019 les normes de soins médicaux pour le diabète (ADA’s Standards of Medical Care in Diabetes).
C’est tout l’intérêt d’être accompagné par un professionnel de la nutrition (naturopathe, diététicien(ne), médecin nutritionniste) pour cheminer à son rythme et sereinement vers ce type d’alimentation.
Il n’est pas systématiquement nécessaire de débuter par une alimentation cétogène. Une réduction progressive de la part des glucides dans l’alimentation est une étape souvent suffisante. L’alimentation cétogène, sauf cas particulier, n’est pas à garder 365 par an et il est préférable de fonctionner par cycle : alimentation plus pauvre en glucides, alimentation cétogène, puis de nouveau alimentation plus pauvre en glucides, etc.
Si vous souhaitez plus d’informations sur l’alimentation cétogène, une alimentation plus pauvre en glucides (aussi appelée lowcarb par les anglo-saxons), savoir si elles sont adaptées dans votre situation et comment être accompagné pour les mettre en place, n’hésitez pas à me contacter.
(1) « Dietary treatment of medically refractory epilepsy in children and adolescents« , Høgsbro-Rode F, Johannesen KMH, Stubbings V, Hjalgrim H., Ugeskr Laeger, 2017
(2) « Long-term effects of a ketogenic diet in obese patients« , Hussein M Dashti et al., Experimental and clinical cardiology, 2004
(3) « Maladie d’Alzheimer : le régime cétogène à l’étude« , Medscape édition internationale le 3 août 2017
(4) « A low-carbohydrate, ketogenic diet to treat type 2 diabetes« , Yancy WS Jr1, Foy M, Chalecki AM, Vernon MC, Westman EC, Nutrition & metabolism, 2005
(5) « The ketone metabolite β-hydroxybutyrate blocks NLRP3 inflammasome-mediated inflammatory disease« , Youm YH et al., Nature medicine, 2015
(6) « Le régime cétogène est encore trop peu connu des malades du cancer« , www.lanutrition.fr, 2014
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