Le 20 novembre dernier l’ANSES et l’INRA ont publié un état des lieux de l’utilisation des additifs dans les aliments transformés en France. Entre 2008 et 2016, sur plus de 30 000 produits alimentaires analysés, 78 % mentionnent au moins un additif dans leur liste d’ingrédients.

Les additifs alimentaires sont des substances ajoutées de façon intentionnelle aux aliments à diverses étapes de la production dans un but technologique : conservateurs, colorants, exhausteurs de goût, agents de texture, émulsifiants, régulateurs du pH, etc.

Leur utilisation est encadrée par la réglementation européenne (CE n° 1333/2008) qui établit la liste des additifs autorisés sur la base d’une évaluation des risques préalable, et définit notamment les conditions d’emploi.

Les additifs les plus utilisés

  • l’acide citrique (E330), utilisé notamment comme régulateur de l’acidité, pour 23 % des produits ;
  • les amidons modifiés, utilisés notamment comme épaississants, pour 22 % des produits ;
  • les lécithines (E322), utilisées notamment comme émulsifiants, pour 17 % des produits.

Si 53 % des produits étudiés contiennent moins de trois additifs différents, 4 % des produits utilisent au moins dix additifs. Il s’agit principalement des viennoiseries et desserts surgelés (16 %), de produits traiteurs frais (15 %) et de glaces et sorbets (12 %).

D’après cet état des lieux, les marques nationales présentent le plus de produits sans additif (27 %), suivies des marques de distributeurs (21 %), puis des produits premiers prix (20 % des produits des marques de distributeurs entrée de gamme et 19 % des produits issus du hard discount).

Des tendances d’utilisation à la baisse

Cependant les résultats de cette étude montrent que l’utilisation des additifs dans les produits transformés a globalement tendance à diminuer sur la période considérée. Le nombre d’aliments sans additif serait ainsi en augmentation, passant de 13,7% à 18,3% des produits depuis le début des années 2010.

Toutefois, parmi les 46 additifs les plus utilisés, quatre sont en augmentation : + 2 points pour les caroténoïdes employés comme colorants (E160a), + 1 point pour les carbonates de sodium (E500) utilisés comme poudre à lever, + 0,4 point pour les pectines (E440) qui servent notamment de gélifiant, + 0,3 point pour les anthocyanes (E 163) utilisés comme colorants. Par ailleurs, le nombre de produits avec additif augmente significativement pour les compotes (+ 10 points), notamment du fait de l’emploi d’antioxydants tels que de l’acide ascorbique.

Des résultats intéressants mais encore des progrès à faire

Cette étude contribue à la surveillance nationale de l’emploi des additifs et est transmis à l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) en charge de l’évaluation des risques des additifs alimentaires.

Néanmoins la vigilance doit rester de mise en particulier pour suivre les alternatives utilisées par les industriels pour remplacer les additifs alimentaires par d’autres substances et surtout pour les inciter fortement à changer leurs modes de fabrication vers des solutions plus respectueuse de l’environnement et de la santé.

La même journée que la publication de cette étude, l’association Foodwatch, l’application Yuca et la Ligue contre le cancer ont envoyé une pétition à la ministre de la santé pour demander l’interdiction des nitrites et nitrates ajoutés dans l’alimentation. Sont visés les E249, E250, E251 et E252. Ces additifs sont controversés car ils peuvent entrainer la formation de nitrosamines classées cancérogènes probables pour l’Homme par le Centre international de recherches sur le cancer. D’après l’ANSES 71% des produits de charcuterie en ont dans leur composition (jambons, saucisses, pâtes, etc.).

L’alimentation est un des piliers fondamentaux d’une bonne hygiène de vie. Il est donc primordiale qu’elle ne contribue pas à apporter des substances sans intérêt nutritionnel ou micronutritionnel ou pire, avec des effet toxiques. Il est donc préférable de privilégier les produits bruts ou peu transformés, de saison, locaux et provenant de l’agriculture biologique.